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Quand l’élan vacille : parler du doute comme moteur

  • Photo du rédacteur: bjullian
    bjullian
  • 9 juin
  • 2 min de lecture

Être artiste en 2025, c’est vivre en funambule. Avec le cœur grand ouvert… et les poches souvent vides.


Aujourd’hui, il faut le dire : il n’y a plus d’argent. Ou si peu. La culture, dans bien des circuits, n’est plus une priorité. On fait un peu la chasse aux artistes — trop fragiles, trop libres, trop "inutiles" dans une société pressée d’optimiser. Subventions en chute libre, aides rabotées, projets mis en pause, lieux fermés. C’est rude. Et ce n’est pas qu’un passage à vide. C’est structurel.

Alors forcément, le doute s’invite.


Quand tu sais que tu es faite pour ça — créer, transmettre, porter des histoires — mais que les conditions ne suivent plus, tu te retrouves face à une question douloureuse : comment continuer sans y laisser ta peau ?Ou plutôt : comment continuer autrement, sans trahir l’élan de départ ?

Comme beaucoup, j’en suis là. À envisager un boulot alimentaire pour survivre. Pas par faiblesse. Par nécessité. Parce que l’art ne paie plus le loyer. Parce que rester debout demande parfois de se ménager une autre forme de stabilité. Et peut-être que ce n’est pas une trahison. Peut-être que ça fait partie du chemin. Du doute. De cette réinvention constante à laquelle on est, malgré nous, contraints.


Je suis artiste. Depuis longtemps. J’ai dirigé des compagnies, monté des spectacles, enseigné, joué. Mais ces derniers mois, l’élan s’est essoufflé. Pas par manque d’envie. Par manque d’air. D’espace. De ressources.


Et pourtant… quelque chose en moi refuse de s’éteindre.


Je ne cherche plus à fuir le doute. Je l’écoute. Je m’y installe. Parce que sous ses airs d’ennemi, il est souvent le signal d’un virage à prendre. D’un mouvement plus profond à initier.

Alors je redémarre. Doucement. Je relance des stages, des cours. J’écris un seul en scène. Je ressors ma comédie musicale du tiroir. Ce n’est pas un retour en fanfare. C’est un souffle timide. Mais c’est un souffle quand même.


Je ne sais pas exactement où cela va me mener. Mais je sens que j’avance. Et que cette traversée, aussi inconfortable soit-elle, n’est pas vaine. Elle me rend plus lucide, plus vivante, plus vraie.

Ce que je veux dire ici, c’est que douter ne veut pas dire abandonner. Que chercher un job à côté ne veut pas dire renoncer à son art. Et que parfois, l’élan le plus puissant naît précisément dans les creux, les silences, les instants de vertige.

Si toi aussi tu traverses ce moment, sache que tu n’es pas seule. Que tu as le droit d’être fatiguée. Le droit de changer, d’adapter, de prendre le temps. Et que malgré tout, malgré l’époque, malgré le manque d’argent, la flamme peut rester là. Silencieuse. Mais intacte.

Et si l’élan vacille… écoute-le. Il revient toujours, autrement.

 
 
 

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